Égoextrémisme

lundi 2 février 2004.
 
Auto-immodébilité.

Tout le monde a la tendance naturelle à considérer le monde de son point de vue, c’est à dire de là où il est et par ce qu’il en regarde. Cela donne un peu l’impression qu’on est au centre du monde, et que celui-ci s’étale autour de nous comme un sacré bordel en forme de crêpe géante. Jusque là, rien d’hallucinatoire. Le bogue, c’est quand on glisse sémentiquement de je suis au centre du monde à je suis le centre du monde, et dieuX sait que nous sommes nombril à faire notre film de ce miroir-là. C’est juste de l’égocentrisme, prendre le cadre de sa fenêtre pour l’Arc de Triomphe, ça vaut vraiment pas la peine d’aller se déranger chez un psycanailliste, ça se guérit très bien par l’amour le vrai, par exemple, et l’on parvient à nouveau à comprendre les autres sans sa carabine.

Mais il arrive parfois que l’égocentrisme vire à l’égoextrémisme, c’est à dire une affection par laquelle le sujet consiste à penser que si le monde existe, c’est parce qu’il y pense, et que cela lui donne des droits, d’auteur évidemment, sur ce qu’il s’y passe. Toute réalité entrant alors en infraction peut se voir immédiatement poursuivie pour tentative de viol si elle ne parvient pas à s’échapper.

Ça ne sert à rien, évidemment, de causer avec un égoextrémique, sinon à tester prudemment ses propres capacités à ne pas devenir comme lui. En effet, c’est précisément sur notre égocentrisme qu’il prospère, et l’importance qu’on lui accorde en est donc une bonne façon de mesurer celui-ci. Sinon, mieux vaut donc l’éviter tout simplement, enfin moi ce que j’en dis, c’est vous qui voyez, hein.

Tout le monde est égoextrémique, puisque je le suis, moi.


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