Exclusimages Estasia

jeudi 29 janvier 2004.
 
Délégation SocNat à Pyonyang absolréussite. Fraternité affection Bill Brozer / Grand Général. Echanges optimaux Ministères. Exclusimages canal Arte.

C’est à l’invitation de Bill Brozer et à l’initiative du Grand Général Kim Yum Il Song 2 qu’une délégation de cadres du Parti s’est rendue à Pyonyang, capitale d’Estasia, région Corée du Nord, où elle a été reçue avec tous les honneurs. Après avoir remis un message d’amitié éternelle de la part du Leader, nos représentants sont partis à la recherche de leurs chambres.

De toutes les régions du Monde, c’est peut-être celle-ci dont nous pourrions tirer le plus de leçons. En effet, enclavée entre des pays en voie de nucléarisation, cette Nation enjouée et courageuse (un habitant sur trois est militaire) est on ne peut plus politiquement correcte. Mais le plus frappant est, qu’à part la langue, ils parlent exactement comme nous. Allié probablement inutile, donc, mais certainement peuple de même sein et d’esprit.

Après les 17 heures de défilé sans pouvoir pisser puis le solennel banquet de sandwiches, de fructueux échanges on pu avoir lieu entre nous mêmes et les mêmes en plastique, comme plaisantions-nous entre nous-mêmes. John Smithdoe, du Minipax, a ainsi pu se pencher avec beaucoup d’attention le concept stratégique de double-corée et sa redoutable efficacité tactique. Écoutons son explication détaillée : "C’est simple : la frontière, c’est la guerre.". On croise d’ailleurs là-bas toute une quantité de braves soldats de toutes les couleurs pour veiller à ce que cette ligne, qu’on appelle là-bas Diemzi, ne s’évanouisse pas un de ces quatre matins comme à Berlin.

Malgré la nombreuse famine organisée par l’Ennemi Vil qui l’Entoure, les habitants de Corée du Nord pratiquent tous les jours une gymnastique dansante et joyeuse. Peut-être nos dirigeants s’en inspireront-ils pour agrémenter l’Exercice Physique Obligatoire d’un peu d’exotisme. John Smithdoe, du Miniver, a du mal à cacher son intérêt devant l’art local appelé pixumain : de magnifiques tableaux de propagande réalisés par des milliers de membres dont chacun brandit au moment où il faut le carton de couleur adéquate. "L’aspect théorique est un peu subtil pour nous, mais imaginez un tel dispositif piloté par Windoninateur... De plus, cela permettrait de réutiliser les stades, dont l’usage s’est un peu perdu depuis que nous n’avons plus besoin des Camps.".

Ce n’est pas par hasard qu’ils arrivent presque à faire des atombombes, ces gens-là, car malgré les excellents résultats de leur pénurie qui n’ont pas échappé à nos fonctionnaires de Miniplein, ils te bricolent de ces trucs ! Ils savent faire peu de choses, mais presque aussi parfaitement que des machines, c’est extraordinaire. Et comme ils ne produisent exactement pas ce dont ils ont besoin, cela leur laisse du temps pour louer le Grand Général.

(GIF)
Extrait de la BD "Pyonyang".
Illustration Guy Delisle

Avec son sourire de fer et son Musée de quand j’ai dirigé un jour le tournage d’un film, celui-ci est à la fois l’âme et le cadreur de cette région férue de tradition. Il n’en fait qu’à sa tête, et c’est un style qui semble apporter de très bons résultats. John Smithdoe, le membre de notre délégation nous donne un exemple : "Par exemple, leur Comdyna, Communisme Dynastique, est une idée très ingénieuse. Au nom du père, succède le fils qui lui-même devient le père en fils qui s’identifie à lui jusqu’à ce que plus personne n’y retrouve ses petits. C’est à la fois plus simple et bien moins cher en maintenance que l’ancien système de Mausolées. Même la chirurgie esthétique de Berlusconi est dépassée.".

Le comrade Guy Delisle, attaché du Miniamour détaché au Miniver nous livre par ailleurs sa brillante relation de voyage, à la pointe de la technologie multimédia du crayon noir. Sa BD, Pyonyang, casse la baraque avec un suspense à faire frémir et son trait sûr de rien. Pour en parler, rien ne vaut un fan comme John Smithdoe, pris d’enthousiasmite : "Le Ministère de la Vérité recommande de se procurer cet ouvrage au plus vite et quelqu’un du Miniamour passera vérifier.". Un conseil à suivre, donc.

Mais, déjà, au bout de quelques jours, la nostalgie de la Patrie se fait sentir, et l’illusion de ce lieu étrange où le slogan c’est le sourire se défait bientôt comme les vapeurs de Victory Gin une semaine après une soirée de loisir. C’est toujours la même chose, avec l’étranger : il y a à prendre, mais ça reste toujours l’étranger. On revient vite, les joues endolories, à regretter notre bon vieux masque facial sans autant de fioritures inutiles, et en espérant que Bill Brozer conserve Bill Brozer comme il est jusqu’à plus de temps. D’ailleurs, rien que l’idée d’un Leader béat a de quoi pulvériser pour crime absolu contre la pensée. Mais plus que tout, vous ne pouvez pas savoir à quel point est effrayante cette impression de n’avoir aucun besoin de Miniamour dans un monde à la pensée aussi unique.

Pendant qu’on y est, sur Libé : Cauchemar concentrationnaire en Corée du Nord.

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